Comment fabriquer un détecteur de métaux soi-même ?
Publié par Sophie Lambert, le 18 décembre 2025
Concevoir un appareil de détection fonctionnel et peu coûteux demande une compréhension basique de l’électronique et repose sur l'exploitation des perturbations d'un champ magnétique par un objet conducteur. Le montage présenté ici utilise un NE555, un composant standard, pour générer une fréquence audible qui varie lorsqu'une pièce de monnaie, comme une 10 francs Hercule, ou un objet métallique approche de la bobine. L'objectif consiste à assembler un oscillateur dont la stabilité dépend directement de l'inductance d'une bobine de cuivre faite main : toute modification de cet environnement magnétique entraîne un changement immédiat de la tonalité émise par le haut-parleur, signalant ainsi la présence d'une cible métallique sans nécessiter de programmation complexe ni d'équipement industriel.
Compréhension du phénomène d'induction électromagnétique
Le fonctionnement de ce dispositif repose sur la physique de l'induction électromagnétique. Lorsqu'un courant électrique traverse une bobine, il génère un champ magnétique autour de celle-ci. Ce champ reste stable tant que l'environnement immédiat de la bobine ne change pas. Le circuit électronique que nous allons détailler maintient cette oscillation à une fréquence constante, audible par l'oreille humaine. Le cuivre enroulé agit comme une partie intégrante du circuit de minutage, dictant la vitesse à laquelle le courant oscille.

L'introduction d'un objet métallique dans ce champ perturbe l'équilibre établi. Les métaux conducteurs interagissent avec les lignes de champ, modifiant l'inductance globale de la bobine. Cette grandeur physique, qui mesure la capacité de la bobine à stocker de l'énergie magnétique, augmente ou diminue selon la nature du métal, ferreux ou non ferreux. Cette variation physique se traduit instantanément par une modification électrique au niveau du circuit oscillateur.
Le circuit intégré interprète ce changement d'inductance comme une nouvelle instruction de temps. La fréquence du signal envoyé au haut-parleur s'accélère ou ralentit. L'utilisateur perçoit alors un changement de hauteur dans le son continu émis par l'appareil. C'est cette différence sonore, parfois subtile, qui indique la localisation d'un objet enfoui. Ce principe de détection par glissement de fréquence reste la méthode la plus accessible pour l'initiation à l'électronique de détection.
Liste des composants électroniques requis
La réussite de ce projet dépend de la qualité et de la précision des éléments sélectionnés. Il ne s'agit pas de trouver des pièces rares, mais de rassembler des composants génériques fiables. Le cœur du système est le minuteur, disponible dans n'importe quel magasin d'électronique standard. La simplicité de la liste permet de se concentrer sur l'assemblage plutôt que sur l'approvisionnement.
Voici les éléments nécessaires pour construire le circuit :
- 1 circuit intégré NE555 (timer standard).
- 1 résistance de 47 kΩ (code couleur : jaune, violet, orange).
- 2 condensateurs électrolytiques de 2,2 µF (une valeur entre 1 et 2,2 µF fonctionne pour ajuster la tonalité).
- 1 condensateur céramique ou polyester de 10 nF pour la stabilité.
- 1 petit haut-parleur de 8 Ω ou un buzzer passif.
- 1 pile 9 V accompagnée de son connecteur (clip).
- Fil de cuivre émaillé (diamètre 0,2 à 0,5 mm) pour la bobine.
- Un interrupteur à levier ou à glissière.
- Une plaque d'essai (breadboard) ou un circuit imprimé (PCB) perforé.
- Du fil de câblage rigide ou souple pour les connexions.
Le choix du condensateur principal influence directement la gamme de fréquences audibles. Une valeur plus élevée produira un son plus grave, tandis qu'une valeur plus faible générera un son plus aigu. Il faut choisir une capacité qui permet d'obtenir un son confortable à l'écoute sur une longue période, évitant la fatigue auditive lors de l'utilisation. Le haut-parleur doit être de petite taille pour ne pas consommer trop d'énergie, préservant ainsi la durée de vie de la pile 9 V.
Schéma de câblage et configuration du NE555
Le montage s'articule autour du NE555 configuré en mode astable. Dans cette configuration, le circuit bascule continuellement entre deux états, haut et bas, créant une onde carrée. Cette oscillation génère le signal sonore. Contrairement à un montage monostable qui nécessite une impulsion externe, le mode astable fonctionne en autonomie dès la mise sous tension. La fréquence de cette oscillation dépend des valeurs des résistances et des condensateurs connectés aux broches de contrôle.

Le câblage suit une logique précise pour assurer la stabilité du signal. Les broches 4 (Reset) et 8 (VCC) se connectent directement au pôle positif de l'alimentation 9 V. La broche 1 (GND) se relie à la masse, c'est-à-dire le pôle négatif de la pile. Pour garantir un fonctionnement sans parasites, la broche 5 (Control Voltage) doit être reliée à la masse via le petit condensateur de 10 nF. Cette précaution filtre les fluctuations de tension internes qui pourraient rendre le son instable et erratique.
La partie oscillante se situe autour des broches 2 (Trigger), 6 (Threshold) et 7 (Discharge). Les broches 2 et 6 doivent être reliées ensemble. La résistance de 47 kΩ se place entre la broche 7 et le +9 V. C'est ici que le montage devient spécifique à la détection : le réseau composé de la bobine et du condensateur électrolytique se connecte entre la broche 7 et les broches reliées 2/6. Ce circuit LC (Bobine-Condensateur) détermine la période de l'oscillation. La sortie du signal se fait par la broche 3 (Output), qui alimente le haut-parleur, éventuellement à travers un condensateur de liaison pour bloquer la composante continue.
Le respect scrupuleux de ce schéma garantit que la bobine ne sert pas seulement d'élément passif, mais agit comme le cœur battant du système de chronométrage. Toute erreur de câblage sur les broches 2, 6 et 7 empêchera l'oscillation ou produira un son fixe insensible aux métaux. Une vérification visuelle des connexions avant l'insertion de la pile évite d'endommager le circuit intégré par un court-circuit accidentel.
Réalisation manuelle de la bobine de détection
La bobine constitue l'élément capteur du détecteur. Sa fabrication demande soin et patience, car sa géométrie définit la sensibilité de l'appareil. Il faut se procurer du fil de cuivre émaillé, souvent récupérable dans de vieux transformateurs ou moteurs si l'achat n'est pas possible. L'émail assure l'isolation électrique entre chaque tour de fil, condition sine qua non pour que le courant parcoure toute la longueur de la bobine et crée le champ magnétique requis.
La procédure commence par la création d'un support circulaire d'un diamètre compris entre 8 et 12 cm. Ce gabarit peut être réalisé en carton rigide, en bois ou en plastique. On enroule ensuite le fil de cuivre autour de ce support pour former entre 150 et 200 spires. Le bobinage doit être serré et régulier. Un enroulement lâche ou désordonné diminue l'efficacité de l'induction et rend la détection floue. Une fois le nombre de tours atteint, il faut sécuriser l'ensemble avec du ruban adhésif d'électricien pour que les spires ne bougent plus les unes par rapport aux autres.
Les extrémités du fil doivent être dénudées avec précaution. L'émail isolant doit être gratté à l'aide d'un papier de verre fin ou de la lame d'un cutter pour exposer le cuivre nu et permettre la soudure. Pour limiter les interférences électromagnétiques extérieures (comme les ondes radio) qui pourraient perturber le signal, il est recommandé de torsader les deux fils de sortie qui relient la bobine au circuit principal. Cette étape rigidifie aussi la connexion mécanique.
Une astuce technique permet d'éviter les faux signaux liés à l'effet de sol. Le gérant du site sur la détection de métaux, Prospection-de-loisir.fr, utilise ce procédé pour stabiliser ses montages amateurs : il s'agit de réaliser un blindage électrostatique (écran de Faraday). L'opérateur enroule une bande d'aluminium ménager autour du bobinage fini, en veillant à laisser un espace vide d'un centimètre pour ne pas créer de boucle fermée. On relie ensuite cet aluminium à la masse du circuit. Cette technique réduit drastiquement les parasites capacitifs lorsque la tête de détection frôle l'herbe humide.
La taille de la bobine influe sur le type d'objets détectés. Un diamètre plus grand permet de scanner une surface plus large et de trouver des objets plus gros en profondeur, tandis qu'un diamètre plus petit offre une meilleure sensibilité pour les petites cibles proches de la surface, comme une 50 centimes Morlon. Pour ce montage simple, le diamètre de 10 cm représente le meilleur compromis entre maniabilité et performance.

Procédure d'assemblage et de calibration sonore
L'assemblage final débute par le montage du circuit électronique sans la bobine, en utilisant une résistance standard pour simuler la charge. Cette étape valide le bon fonctionnement du NE555 et du haut-parleur. Une fois que le son est continu et clair, on retire la résistance temporaire pour y connecter la bobine fabriquée précédemment. Le son devrait changer de tonalité. Si le circuit reste silencieux, il faut vérifier la continuité du fil de cuivre de la bobine avec un multimètre.
Le réglage de la fréquence s'effectue en ajustant la valeur des condensateurs. Si le son est trop aigu, presque inaudible, l'ajout d'une capacité en parallèle ou le remplacement par un condensateur de valeur supérieure (par exemple passer de 1 µF à 2,2 µF) abaissera la tonalité. L'objectif est d'obtenir un bourdonnement médium, ni trop grave ni trop strident, qui permet à l'oreille de discerner facilement les variations. Un son trop grave masque souvent les petites variations de fréquence induites par de petits objets.
La calibration pratique se fait à l'air libre, loin de toute masse métallique (table avec armature, plancher cloué). On présente différents objets devant la bobine pour tester la réaction. Une pièce de monnaie devrait provoquer une montée ou une descente audible du son à une distance de quelques centimètres. Un objet ferreux massif provoquera une réaction plus violente.
Il est nécessaire de fixer fermement la bobine à l'extrémité d'un manche (tube PVC ou tasseau de bois) et de loger le circuit électronique dans un boîtier en plastique. La rigidité de l'ensemble est primordiale : si la bobine bouge par rapport au fil de connexion lors du balayage, cela créera des faux signaux appelés effets microphoniques. Le câble reliant la bobine au boîtier doit être fixé le long du manche sans boucle lâche.
Enfin, l'utilisateur doit s'entraîner à différencier les sons. Contrairement aux détecteurs du commerce qui filtrent et discriminent, ce montage brut réagit à tout conducteur. L'apprentissage de l'oreille remplace l'analyse numérique. Avec de l'entraînement, on parvient à estimer la taille et la distance de l'objet selon l'intensité de la variation de fréquence.
Comparatif technique et perspectives d'évolution
Ce montage basé sur un seul oscillateur présente des limites physiques intrinsèques. La sensibilité reste modeste, dépassant rarement quelques centimètres pour une pièce de monnaie. La stabilité thermique du NE555 peut aussi provoquer une dérive lente de la fréquence de base au fil des minutes, obligeant l'utilisateur à se réhabituer régulièrement à la tonalité de référence. De plus, l'absence de discrimination oblige à creuser sur tous les signaux, qu'il s'agisse d'un clou rouillé ou d'une 20 francs Coq.
Pour gagner en performance, la suite logique consiste à évoluer vers un système BFO (Beat Frequency Oscillator). Cette technologie utilise deux oscillateurs : l'un fixe de référence et l'autre variable relié à la bobine de recherche. Le mélange des deux fréquences produit un battement sonore nul ou très grave au repos. La moindre perturbation de la bobine de recherche crée alors un son bien plus distinct qu'une simple variation de hauteur. Ce système permet d'augmenter la profondeur de détection.
L'étape supérieure concerne les détecteurs VLF (Very Low Frequency). Ces appareils utilisent deux bobines distinctes : une émettrice et une réceptrice, souvent disposées en configuration "Double D". Cette géométrie annule le signal de sol et permet une véritable discrimination des métaux en analysant le déphasage du signal reçu. Bien que beaucoup plus complexes à fabriquer soi-même, ils représentent le standard des appareils modernes.
Le tableau ci-dessous résume les différences techniques entre ces technologies pour guider une future évolution du projet :
| Caractéristique | Oscillateur simple (NE555) | Oscillateur à battement (BFO) | Très Basse Fréquence (VLF) |
| Complexité de montage | Faible (Débutant) | Moyenne (Intermédiaire) | Élevée (Expert) |
| Type de signal | Variation de fréquence audio directe | Battement entre deux fréquences | Analyse de déphasage Tx/Rx |
| Profondeur estimée | 5 à 10 cm (monnaie) | 10 à 20 cm (monnaie) | 20 à 35 cm (monnaie) |
| Discrimination | Aucune (tout métal sonne) | Limitée (Fer/Non-fer) | Précise (Conductivité) |
| Stabilité | Moyenne (dérive thermique) | Bonne (si oscillateurs appariés) | Excellente |
| Usage principal | Éducatif, démonstration | Initiation terrain | Recherche loisir sérieuse |
Comprendre ces distinctions permet de situer son projet. Le détecteur à NE555 reste un outil pédagogique formidable pour appréhender l'interaction matière-énergie. Il démythifie le fonctionnement des appareils plus coûteux et offre la satisfaction immédiate de transformer une poignée de composants en un outil capable de réagir à l'invisible.
L'utilisation d'un détecteur de métaux en France respecte strictement le Code du patrimoine. L'article L. 542-1 interdit toute recherche d'objets intéressant l'histoire, l'art ou l'archéologie sans une autorisation préfectorale, une règle qui s'applique même avec un matériel fabriqué soi-même. L'utilisateur doit également obtenir l'accord préalable du propriétaire du terrain, qu'il soit privé ou public, pour éviter toute violation de propriété. Une autorisation écrite offre la meilleure garantie juridique. En cas de découverte fortuite d'un élément du patrimoine, la loi impose de laisser l'objet en place sans le nettoyer et de signaler immédiatement la trouvaille à la mairie ou aux services régionaux compétents afin de préserver l'information scientifique.
