Conférence/Débat

Journée d’études : Arts, Littératures et VIH/sida : des récits au féminin

L’équipe "Corps, Genre, Santé" du laboratoire BABEL de l'Université de Toulon organise une journée d’étude

" Arts, Littératures et VIH/sida : des récits au féminin"

JEUDI 13 JUIN 2019 : 9h-16h

Salle FA 701 - Bâtiment FARON - Campus de Toulon – Porte d’Italie

Entrée libre

La découverte du sida en 1981 par le Centre pour le Contrôle et la prévention des maladies (CDC) d’Atlanta va modifier considérablement les formes de sociabilité contemporaines. Les « années-sida » des décennies 1980-90 marquent l’avènement d’une angoisse profonde et d’un sentiment d’insécurité. La fin de l’insouciance portée une vingtaine d’années auparavant par la possibilité de nouvelles trajectoires d’émancipation féminines (mouvements féministes…) prend corps au travers d’un virus jusque-là inconnu : le VIH. Si la maladie imprègne durablement les productions artistiques (littérature, arts visuels, cinéma…) de la fin du XXème siècle et du début du XXIème, elles sont le plus souvent portées par des hommes. Pour quelle(s) raison(s) dénombre-t-on si peu d’œuvres produites par des femmes sur le sujet ? Quelle est la représentation du VIH/sida véhiculée au travers des œuvres de ces dernières ? Présentent-elles une spécificité, un regard différent sur cette question par rapport aux œuvres de leurs confrères ? Quelle place est faite à des auteurs en dehors de l’assignation au genre (transidentité) ?

Ces questions sont d’autant plus intéressantes à aborder à présent qu’une certaine distance et, à sa faveur, une tentative d’historicisation de « l’événement-sida » se fait jour. Si Hélène Jaccomard est la première à cartographier les récits du sida au féminin dans Lire le sida. Témoignages au féminin (Paris, Peter Lang, 2004), la sortie de l’ouvrage d’Elisabeth Lebovici, Ce que le sida m’a fait. Art et activisme à la fin du XXème siècle (Paris, JRP Ringier, 2017) interroge les transformations radicales des pratiques artistiques et sociales à travers l’émergence du virus. Du motif de l’araignée, symbole de la mort par le sida dans La Peste (1986) de Niki de Saint-Phalle à Nan Goldin qui capte par la photographie les traces d’amis et d’amants disparus pendant l’épidémie de sida des années 1980, le VIH influe considérablement sur les productions artistiques contemporaines. Sur le plan littéraire il reste, porté par des femmes, relativement confidentiel et tabou. Le mode de la confession intime (Colette Guedj, Le baiser papillon, Paris, Lattès, 1999) et du témoignage (Françoise Baranne, Le couloir. Une infirmière au pays du sida, Paris, Témoins/Gallimard, 1994) y sont souvent privilégiés, non sans implications discursives. Michel Foucault voit dans le primat de l’aveu « […] une métamorphose dans la littérature : d’un plaisir de raconter et d’entendre, qui était centré sur le récit héroïque ou merveilleux des “épreuves” de bravoure ou de sainteté, on est passé à une littérature ordonnée à la tâche infinie de faire lever du fond de soi-même, entre les mots, une vérité que la forme même de l’aveu fait miroiter comme l’inaccessible » (Michel Foucault, Histoire de la sexualité I, Paris, Gallimard, 1976, p. 80).