Conférence/Débat

Microchimérisme, des cellules au travers des générations

Intervenante

Nathalie Lambert, Directrice de recherche Inserm.

Résumé

Il nous faut oublier le dogme que l’on a tous appris dans les cours de biologie, selon lequel le placenta est une barrière hermétique. Les cellules maternelles et fœtales traversent le placenta et migrent vers leur hôte respectif, créant ce que l’on appelle du microchimérisme maternel chez l’enfant et du microchimérisme fœtal chez la mère. Plus étonnant encore, ces cellules microchimériques persistent des décennies dans le sang et divers organes de leur hôte respectif.

Ces cellules jouent un rôle pour les générations futures. En effet, les cellules maternelles éduquent l’enfant, et ce, pour la vie, à être immunologiquement tolérant à toute cellule étrangère qui ressemblerait génétiquement à celle de sa mère. Ceci est très utile pour la transplantation d’organes de frères ou sœurs. Ces cellules microchimériques peuvent, entre autres, être des cellules souches et avoir la capacité de réparer les tissus endommagés. Ou bien tout au contraire, avoir des conséquences néfastes quand présentes en trop grandes quantités et créer des maladies que l’on nomme mal à propos « auto » immunes. Enfin ce passage cellulaire peut se faire sur trois générations et pourquoi pas plus ? Peut-être portons nous les cellules bien vivantes et actives de nos aïeux disparus depuis des siècles … Y a-t-il un intérêt immunologique, développemental à conserver de faibles quantités de cellules d’individus qui nous ont précédé ou succédé ?