« Soigner nos attachements terrestres », avec Sophie Gosselin, philosophe et enseignante à l'EHESS

La Saison 2022-2023 d'Opera Mundi – partenaire de l'EHESS depuis la création du festival Allez Savoir en 2019 – est consacrée au soin. 

Sous le titre « Prendre soin ? de l'attention à la vulnérabilité des mondes », cette huitième saison de conférences et ateliers part d’un constat : les impacts du dérèglement climatique, la pandémie du Covid, comme les vacillements démocratiques de nos sociétés révèlent l’immense vulnérabilité de l’écosystème Terre et de l’organisation humaine du monde. Ces crises montrent aussi combien les niveaux d’interdépendances qui conditionnent l’habitabilité de la terre sont intriqués et menacés.

Face à ces défis, que veut dire prendre soin aujourd’hui ? La programmation 2022-2023 d'Opera Mundi invite ainsi à envisager les changements à opérer en compagnie de chercheurs et acteurs de ce monde – philosophes, géographes, microbiologistes, mais aussi critiques, artistes, ou chefs culinaires. Avec eux, examinons cette notion dans son acception la plus large et interrogeons ce qui fonde nos régimes d’attention.

Dans ce cadre, Opera Mundi accueille le vendredi 03 février 2023 à 18h30 les philosophes Sophie Gosselin (EHESS) et David Gé Bartoli (Université de Tours) sur le thème « Soigner nos attachements terrestres ».

La catastrophe écologique nous fait découvrir les interdépendances et attachements qui nous lient aux formes de vie non humaines et qu’avant d’être humain nous sommes des êtres terrestres fruits de milliers d’années de coévolution. Nous sommes constitués par ces autres que le récit moderniste d’une Humanité toute puissante a mis en scène comme des objets à dominer. Ces « autres » font aujourd’hui irruption dans l’espace social et politique et demandent à être entendus. Ce faisant ils redessinent de fond en comble l’espace-temps du politique. Celui-ci ne peut plus s’envisager depuis la posture dominatrice d’une gouvernementalité surplombante mais comme capacité à instituer des alliances multispécifiques pour cohabiter au sein de milieux de vie partagés : comme capacité à soigner les attachements de notre condition terrestre.

Sophie Gosselin enseigne à l’EHESS et travaille sur les consé­quences philosophiques de la crise éco­logique et du tournant ontologique en anthropologie.
David gé Bartoli enseigne à l’Université de Tours. Il s’intéresse aux questions d’identité, de corps et de lieux de vie.
Membres du comité de rédaction de la revue Terrestres.org, ils animent l’Université populaire pour la Terre de Tours dont les thèmes traitent de la crise écologique et de l’événement anthropocène.