Les perceptions sensibles de l'air, recherche-action menée à Marseille par Florence Boux, doctorante EHESS

Publié par EHESS - Campus Marseille, le 12 décembre 2022   680

Depuis 2021, Florence Boux mène une thèse en anthropologie et en médiation au sein du Centre Norbert Elias - CNE (EHESS/CNRS/AMU/Université d'Avignon) sous la direction de Véronique Beneï, anthropologue (CNRS) en co-tutelle avec Christine Servais, directrice du laboratoire d'études sur les médias et la médiation (Lemme) de l'Université de Liège.
Son travail porte sur les perceptions sensibles de l'air et de sa pollution en milieu urbain.

Parcours avant la préparation au doctorat  

Après une licence en sociologie-anthropologie (Université de Liège - Belgique), Florence Boux a effectué un Master en anthropologie / orientation recherche - diplôme en deux ans préparant à entamer par la suite une thèse - dans le cadre duquel elle a séjourné 6 mois à l'Université d'Ottawa (Canada) via un programme Erasmus.

Florence B. a ensuite quitté le cadre universitaire pour faire une formation en art-thérapie pendant 1 an (2018-2019), avec le souhait, par rapport à son mémoire de Master, d'explorer et d'essayer de mieux comprendre la structure des pratiques liées au développement personnel et - plus globalement - toutes les pratiques liées au mieux-être de la personne, pratiques en très fort développement depuis quelques années.

Par la suite, Florence a enseigné en Belgique comme professeure de philosophie & de citoyenneté (2020). Puis, elle fût artiste-chargée de projets pour le festival Libertad (5ème édition), festival citoyen belge engagé pour une société inclusive. En parallèle, elle a également participé durant trois ans à un projet collectif de recherche sur la ville de Liège portant sur la matérialité urbaine et plus particulièrement sur la minéralité des villes, sous un angle politique. A la suite de ce projet, elle a co-créé les Jacks, un collectif de recherche et d’exploration composé de chercheurs et d’artistes, soutenu financièrement par le Laboratoire d’Anthropologie Sociale et Culturelle (LASC) de l’Université de Liège.

Florence B. a ainsi passé 3 années en dehors et au bord du cadre universitaire avant d'en revenir à la recherche et d'entamer sa thèse en 2021.

Un projet de thèse sur les perceptions sensibles de l'air et de sa pollution en milieu urbain

Florence Boux explore pour sa thèse la question de la pollution atmosphérique, de sa matérialité et des dimensions politiques liées à cette problématique. Selon elle, sa recherche doit pouvoir contribuer au sujet et donc elle a pour principe de "faire AVEC" et non de "faire SUR". Son parti pris est de dépasser la stricte observation, et d'être complètement partie prenante de son sujet, en travaillant directement avec ses interlocuteurs, de manière collaborative. Dans ce cadre, elle propose des ateliers créatifs aux habitants de différents quartiers urbains, avec l'objectif de récolter des données sur les perceptions et les représentations que les individus ont de leur environnement de vie, mais aussi l’envie d'opérer une véritable sensibilisation au sujet de la qualité de l'air.

Son objet de recherche s’est précisé alors qu'elle fréquentait Stop Croisières, un collectif fondé en février 2022 pour manifester contre l'extrême pollution des bateaux de croisière dans la baie de Marseille, où se posait la question de la matérialité de la pollution de l'air. Stop Croisières regroupe différentes structures locales (Cap au Nord entreprendre, Extinction Rebellion, Attac, Alternatiba, Greenpeace Marseille), toutes sensibles à la question de la pollution/qualité de l'air dans la cité phocéenne. 

Sa méthode de recherche et aussi de sensibilisation est basée sur la médiation, matérialisée par une approche artistique du sujet afin de donner à voir une représentation/matérialité de la pollution de l'air.

Résumé : 

L'objectif de son projet de thèse est de contribuer à une meilleure compréhension des relations que l’humain entretient à l’air et à sa qualité. Il prend la forme d’une ethnographie, dont l’objectif est de saisir les représentations symboliques et sensorielles de l’air auprès des habitants des villes de Liège et de Marseille. Cette recherche relève un défi méthodologique : celui posé par l’ethnographie de la relation humain-air. Souvent considéré invisible, l’air est un objet difficile à saisir. Une méthode innovante a été élaborée afin de matérialiser ce qui est considéré immatériel, en testant l’hypothèse suivante : la mobilisation d’un dispositif de médiation artistique au sein de la méthode ethnographique constitue une voie de compréhension originale pour saisir la manière dont les habitants de Liège et de Marseille se représentent l’air, et la place qu’il occupe dans leurs pratiques quotidiennes. L’ethnographie s’appuie donc en partie sur un dispositif de médiation, qui prend la forme d’ateliers d’expression créative dont les techniques d’animation sont inspirées de la cartographie sensible (Olmedo, 2021) et de sa formation en art-thérapie.

Pourquoi faire de la recherche et qu'est ce qui vous anime ?

Le Centre Norbert Elias à Marseille (AMU/CNRS/EHESS/Univ. d'Avignon), du fait de son activité autour des écritures alternatives, a motivé Florence B. dans son choix de tutelle pour son travail de thèse.
Car l'objectif de Florence B. est de faire de la recherche qui par la suite profite à tous, qui puisse être diffuser au grand public à l'endroit de la sensibilisation à une question commune, avec la volonté de partager le fruit de sa recherche par autre chose que l'écriture académique.

Par l'observation progressive des pratiques des habitants via les actions et/ou les workshops qu'elle propose et, au fur et à mesure, à l'observation des processus communicationnels à l'oeuvre, Florence espère générer une conscientisation de la qualité de l'air (incluant forcément la notion de risque, voire de danger) et des éventuels changements d'attitude, voire d'engagement, qu'ils opèrent dans leur rapport à la matière "air" et à leur environnement.