Conférence/Débat

Genocides in Cambodia, 1975-1979, par Ben Kiernan (conférence en anglais)

A l'IMéRA, 2 Place Le verrier 13008 Marseille

Spécialiste du génocide cambodgien, Benedict Kiernan est professeur d'histoire et professeur d'études aréales et internationales à Yale University, ancien directeur-fondateur du Programme d'études sur le génocide (1994-2015). Résident IMéRA 2018-2019, il est le premier titulaire de la Chaire EHESS/IMéRA sur les études transrégionales.

Depuis les attentats de janvier 2015, la radicalisation djihadiste a été mise a I’agenda scientifique et politique en France. S’impose aujourd'hui la recherche d’éclairages pertinents sur un phénomène dont I’Histoire a montré le potentiel mortifère et contaminateur. Cette radicalisation s’inscrit dans un contexte plus large de développement de dynamiques d’extrémisations diverses, religieuses et politiques en particulier, avec leur cortège d’exclusions et de violences multiples, en particulier racistes, antisémites et xénophobes.

Ce cycle de conférences proposé conjointement par la Fondation du Camp des Milles et l’Institut Méditerranéen d’Etudes Avancées propose de contribuer à la réflexion sur ce sujet par une confrontation des analyses et par le débat entre chercheurs et citoyens.

Les termes radicalisations ou extrémisations recouvrent deux aspects, idéologique et comportemental, souvent mal distingués, qui se traduisent en pensées et en actions, en pensées ou en actions.

Ce cycle est destiné à éclairer les processus multifactoriels qui articulent -ou pas- la constitution d’un contenu cognitif -une pensée extrême- et I’adoption d’un comportement violent- comme le passage à I’acte terroriste. Il implique une approche pluridisciplinaire combinant diverses échelles, temporelle, spatiale et pluridisciplinaire.

Il s’agit en particulier de mieux comprendre I’origine du besoin individuel ou collectif de radicalité, la recherche de repères forts, les influences idéologiques ou interpersonnelles et les fractures de la société qui servent de terreau en période de crises, et qui contribuent à des crispations individuelles ou collectives sur des repères identitaires, religieux, nationalistes ou politiques.

Il est aussi important de comprendre I’enjeu majeur pour les droits et libertés des défis que les extrémistes nous lancent : comment en particulier une société démocratique en arrive-t-elle, par réaction, à modifier ses règles et à enfreindre certaines des valeurs essentielles qu'elle veut pourtant protéger ?

L’analyse des drames du passé, crimes de masse et génocides -réalisation ultime d’une pensée extrême- est un levier puissant pour saisir jusqu'où et comment ces processus peuvent se développer et pour nous alerter au présent.

Faire converger ces mémoires douloureuses, c’est contribuer à la formation d’une expérience commune de I’humanité mais aussi nourrir les capacités d’une résistance individuelle et collective qui montra son efficacité dans le passé et qui s’avère à nouveau nécessaire aujourd'hui. La « banalité du bien » s’opposa souvent à la « banalité du mal ».

Manipulation du langage, mensonges et démagogie ont ainsi toujours été des ingrédients des dynamiques extrémistes. Rien d’étonnant à ce que la question du rapport à la vérité apparaisse aujourd'hui comme centrale en ce qu'elle constitue une dimension essentielle de la formation d’une pensée extrême. Rumeurs, fake news, complotisme, « post-vérité » résistent à la critique rationnelle, sans doute parce qu'ils s’en nourrissent et l'instrumentalisent parfois. Ce qui pose aussi la question du potentiel de violence de la raison elle-même.

Un défi majeur pour le monde scientifique et les sociétés démocratiques.



Retrouvez le détail du cycle de conférences "Les dynamiques d'extrémisation en pensées et en actions" dans le document joint (en haut d'article, menu de gauche).