Conférence/Débat

«Le Zombi et la trace de l'esclavage»

Avec Laënnec Hurbon, sociologue, directeur de recherche au CNRS et essayiste, suivi d'un échange avec Kévin Boucaud-Victoire, rédacteur en chef débats et idées du magazine Marianne.  

  

La figure du zombi implique un rapport particulier entre l’imaginaire et le réel, où l’imaginaire semble faire partie du réel lui-même, c’est ce que donne à penser l’émergence de la figure du zombi en Haïti. La croyance en la zombification est telle qu’à déclarer zombis certains individus, ils finissent eux-mêmes par se reconnaître tels. Ce passage, ou plus exactement cette courbure de la fiction vers le réel est l’image survivante (nahleben, au sens de Didi-Huberman) des réseaux symboliques de l’institution esclavagiste établie outre-Atlantique pendant quatre siècles, la trace de l’esclavage pendant que sa mémoire se fait défaillante. En effet, comme idéal du maître, l’esclave est toujours supposé un être vidé de toute substance humaine, de tout ce qui fait de lui un sujet, un être de désir. Or tout se passe comme si cet esclave attendu comme parfaitement esclave tarde sans cesse à apparaître et se dérobe au pouvoir absolu du maître, seule la figure du zombi le réalise en dernière instance, est son épiphanie et, partant, en constitue son fantasme. On tachera de porter l’interrogation sur la puissance de l’imaginaire du zombi dans la civilisation moderne, en pleine fantasmatisation de sa propre puissance, comme extrême pointe de l’évolution de l’humanité dans sa passion d’une maîtrise du monde exprimée dans le processus de colonisation esclavagiste... Quels sont les ressorts cachés de l’apparition et de l’attraction de la figure du zombi dans les arts, la littérature et le cinéma ? Que nous apprend-elle sur l’évolution du monde contemporain ? 


MUCEM 
Entrée libre 

promenade Robert Laffont,  

13002, Marseille